Auteur : Arnaud
Date : 25.07.2002
Note : le Crédit Social est présenté plus bas, par comparaison avec l'économie distributive.

 

L'économie distributive
Une alternative (sociale, écologique, ...) au capitalisme

 

Si j'ai bien compris ...

Points de départ :

Grâce aux progrès scientifiques, techniques, ... de ces dernières décennies :

- Nous disposons désormais de suffisamment de nourriture, de vêtements, de biens de consommation, ... pour TOUS. Conséquences : si la distribution était équitable, chacun pourrait manger à sa faim, habiter un logement décent, etc. La production de tout est même à telle point excédentaire qu'on place des terres en jachères, qu'on détruit des récoltes ( pour maintenir les prix ), que des entreprises sont au "chômage technique", que des milliers de logements sont inoccupés, ...

- Il n'est plus nécessaire que tous travaillent à plein temps. Les progrès techniques font qu'on a besoin de toujours moins de personnel. Un petit nombre de gens suffit à garantir la production de biens et de services pour tous. Il y a quelques décennies, un gros investissement créait des emplois. Désormais, un gros investissement supprime des emplois. (La politique des grands travaux, quoique certains soient très utiles, peut conduire directement ou indirectement à une plus grande "optimisation" de la production, ce n'est donc pas une recette "magique" à long terme contre le chômage.)

De plus :

- Le revenu reste lié à un emploi (travail salarié). Ceux qui n'ont pas de travail n'ont pas de revenu, ou pas un revenu décent (chômage, retraite, ...), ou ont un revenu illégal (trafiques). Les producteurs, la masse salariale étant insuffisante, ne peuvent écouler leur énorme quantité de biens et services. Certains d'entre eux également connaissent des difficultés de fins de mois.

- Il se crée continuellement de nouvelles richesses RÉELLES (biens, services) mais le pouvoir d'achat n'augmente pas en conséquence. La quantité de richesse symbolique (argent / monnaie) dans les poches des consommateurs ne suit pas la quantité de biens et services disponibles. Les consommateurs ne peuvent pas acheter toute la production ; les producteurs ne peuvent pas écouler toutes leurs marchandises. Seules les banques (PAS les états) décident de la quantité de monnaie émise (sous forme de prêts, donc de dettes) ou retirée de la circulation, et à qui elles l'accordent. Résultats : côté consommateurs, la masse des salaires ne suffit pas à acheter tout ce qui est proposé ; côté milliardaires, l'argent de Monopoly ( mais légal ) créé dans les circuits financiers donne à un petit nombre le pouvoir d'acheter politiciens et pays entiers.

Bref :

- nous raisonnons encore comme aux époques de pénurie alors que nous sommes à une époque d'abondance (pour tous) ;
- nous sommes sous le joug des banquiers.

((J’ajoute personnellement un 5e point : en plus des problèmes structurels, nous devons faire face à grande échelle à la haine, au mépris, à la peur de l'autre, ... Ceci ajouté aux problèmes structurels donne le résultat que nous connaissons.))

Conséquences :

- Moins de travailleurs, donc moins de salariés. Même en tenant compte des diverses allocations, le pouvoir d'achat baisse. Ce qui oblige les producteurs à chercher des clients (de l’argent) à l'étranger. Or, la situation est la même partout : de moins en moins d'emplois, donc de moins en moins de salariés, donc de moins en moins de salaires versés, donc de moins en moins de biens et services achetées. On assiste alors à la fuite en avant actuelle : les capitalistes cherchent à pomper de l'argent par tous les moyens, partout, à tous, tout le temps, à la moindre occasion. Quitte à piller les pays les plus faibles, quitte à détruire la nature ( le seul coût des ressources naturelles étant la main d'oeuvre et les outils ), quitte à nous abrutir afin que nous achetions des choses dont nous n'avons pas besoin, quitte à répandre des mensonges tels que la loi du plus fort et à occulter des réalités éternelles telles que l'entraide, quitte à surendetter les pauvres, quitte à déclencher des guerres ( dont des guerres mondiales ), ... La liste est longue.

- Côté "consommateur", ce n'est pas l'abondance, loin de là. Quantité de gens vivent sous le seuil de pauvreté. Quantité de gens n'ont pas un logement décent. Quantité de gens n'ont pas les moyens de se soigner. Quantité de gens n'ont pas les moyens de financer les études de leurs enfants. ... Pour d'autres exemples regardez autour de vous.

D'où la proposition des "distributistes".

Buts de l'économie distributive :

- DISTRIBUER (d’où le nom « économie distributive »), à CHACUN, ÉQUITABLEMENT, et selon ses aspirations, une part décente de l'abondante production de biens (nourriture, vêtements, ...) et de services (éducation, santé, ...). Et aussi permettre aux producteurs d'écouler leurs biens réels (objets, services) sans se soucier de questions d'argent (l’argent devant être à NOTRE service et non le contraire). Les distributistes considèrent comme un DROIT de CHACUN de prétendre à l'HÉRITAGE COLLECTIF que sont : les richesses naturelles d'un pays, les terres agricoles améliorées générations après générations, les découvertes dans tous les domaines de l'activité humaine, etc.

- Accessoirement, mieux répartir la charge de travail entre tous
1) afin que chacun ait son utilité dans la société,
2) et que ceux qui travaillent (hors étudiants, retraités, handicapés, ...) ne travaillent plus dans des conditions esclavagistes telles qu'aujourd'hui.

L'argent redevenant un simple moyen d'échange, les "distributistes" envisagent également qu'au fil des décennies un nombre toujours plus grand de services puisse devenir totalement gratuit : transports en commun, santé, éducation, ...

Solutions proposées : (accrochez vous :-)

Note : Par "état", j'entendrai une administration réduite au stricte minimum, DÉCENTRALISÉE, donc LOCALE, au SERVICE de TOUS, et NON la classe dirigeante corrompue qui actuellement par la force se superpose à et pervertit cette administration. Comment se débarrasser de ces parasites, ça c'est une autre histoire (continuez tout de même à lire). Si vous préférez moins révolutionnaire, il y a par exemple le "crédit social", présenté plus bas.

- L'argent n'est plus créé par les banques (qui exigent indûment des intérêt pour un simple jeu d'écriture, pour une CRÉATION monétaire, puisqu'elles prêtent, légalement, des dizaines de fois plus d'argent qu'elles n'en ont en dépôt) mais L'ARGENT EST CRÉÉ PAR L'ÉTAT (par une administration quelconque, de niveau le plus local possible : commune, région, pays ; PAS besoin de politiciens pour ça ; et ce n'est NI de gauche NI de droite). L'argent redevient ce qu'il n'aurait jamais dû cesser d'être : un MOYEN de faire circuler biens et services vers les clients (et non une fin en soi), un moyen au SERVICE des citoyens. Cet argent est utilisable pour la consommation mais n'est PAS utilisable pour des jeux de bourse ou autres jeux de financiers. Cet argent ne produit PAS d'intérêts (il n'enrichit pas le banquier et n'appauvrit pas le citoyen, l'entreprise, l'état, ...). L'argent ne crée PAS d'argent (au profit des banquiers). L'argent est un simple MOYEN d'échange au SERVICE de tous.

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Parenthèse : la question de l'étalon de référence. Dans l'Histoire de l'humanité, nous avons connu des époques où la masse monétaire était nettement inférieure aux biens de consommation (insuffisance d'or, insuffisance de masse salariale, ...), et d'autres époques où elle était nettement supérieure (par exemple l'or volé par l'Espagne aux Amériques). Dans les deux cas, les riches s'en sortent, les pauvres trinquent. L'étalon n'est apparemment PAS nécessaire. Ce qu'il nous faut, c'est un simple moyen d'échange, difficilement falsifiable, avec des peines dissuasives pour ceux qui impriment illégalement de la monnaie. Le but : la richesse symbolique (monnaie) étant le parallèle de la richesse réelle (nourriture, logement, ...), les richesses réelles peuvent être achetées par les clients, peuvent être vendues par les producteurs. Et tout le monde est content (sauf les banquiers, mais bon, on ne va pas pleurer). On peut même envisager à long terme de se passer totalement de monnaie.

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Ce qu'on considère désormais comme "richesses" ce sont les richesses RÉELLES : les ressources naturelles, les objets manufacturés, les produits agricoles, la puissance des machines, la force musculaire, l'intelligence, ... (L’argent / la monnaie n'étant qu'un SYMBOLE, un MOYEN d’échange)

- [Point clef 1/3] Régulièrement, par exemple chaque mois, l'état calcule le nombre de biens et services disponibles, estime leur valeur, et donc la quantité d'argent qu'il faudrait pour échanger ces biens. (Le prix de certains produits est volontairement majoré en fonction d'impératifs tels que la préservation des espèces en danger.) Le but est que les gens puissent acheter TOUTES les richesses réelles disponibles, d'où la concordance entre masse monétaire (d’une part) et valeur des biens et services sur le marché (d’autre part). L'état CRÉE cette quantité d'argent, la divise par le nombre d'habitants, puis verse à chacun une part à peu près égale (en fonction de l'âge et d'un autre facteur cité plus bas). Il s'agit là non pas d'un revenu minimum mais d'un REVENU MAXIMUM. Ce revenu est versé à TOUS : enfants, étudiants, travailleurs, personnes au foyer élevant leurs enfants, retraités, malades, handicapés, hommes, femmes, etc.

- [Point clef 2/3] L'argent à disposition des gens est DÉTRUIT lors de chaque achat (l’idéal est un paiement par carte). Ainsi, pas besoin de faire revenir l'argent vers l'état. Fin des impôts, fin des taxes, ... ! Un vendeur, un médecin, ... ne toucheraient donc pas un revenu fonction du nombre de leurs clients (point sensible, mais continuez à lire jusqu'au bout, notamment jusqu'aux parties "Critiques" et "En pratique»). Par contre l'argent dépensé chez eux, bien que détruit, est comptabilisé. On sait ainsi quelles entreprises fonctionnent, quelles autres doivent être modifiées ou fermées. Autre aspect, pas de tickets de distribution (et puis quoi encore !?) : chacun dépense son argent à sa guise, que ce soit dans la rénovation d'une vieille maison, dans un tour du monde, ... chacun selon ses goûts, chacun suivant ses priorités.

- Les entreprises doivent signaler à l'avance leurs besoins, afin que l'état indique aux producteurs (= autres entreprises, agriculteurs, ...) ce qui est attendu. Les entreprises s'approvisionnent alors auprès d'eux. Leur consommation n'est pas payante mais tout de même comptabilisée ((je suppose qu'on pourrait envisager que l'état donne un budget aux entreprises, si on choisit de faire compliqué)). Si les entreprises consomment un peu moins ou un peu plus que prévu, ce n'est pas grave. L'argent ne doit PAS être une entrave à la production. La comptabilité n'est PAS obligée d'être juste au grain de riz près. Par contre, les consommations étant comptabilisées, les dérives peuvent être évités, et au besoin sanctionné.

- [Point clef 3/3] En contrepartie de ce revenu garanti (de ce POUVOIR D’ACHAT), les citoyens sont tenus (un peu comme aujourd’hui) de travailler un certain nombre d'années durant leur vie. Cette durée est moindre qu'aujourd'hui, puisque le travail est réparti entre tous. Et cette durée continuera à décroître parallèlement aux progrès scientifiques, techniques, etc. Le progrès techniques est ici considéré comme BÉNÉFIQUE, et donc ENCOURAGÉ. Les fausses mesures pour conserver l'emploi n'ont plus lieu d'être. On peut aussi éventuellement ( à discuter ) instaurer un Service Civil d'1 ou 2 ans, en remplacement du Service Militaire, pour par exemple les travaux d'intérêts général, les travaux peu souhaités ( éboueur ), l'aide ( non facturée ) aux personnes ou pays défavorisés, etc.

- Le revenu universel, en plus de dépendre de l'âge du bénéficiaire, peut être MAJORÉ en fonction de critères tels que : la pénibilité du travail exercé, le peu de candidats pour un poste, des responsabilités stressantes, ... ou par choix si les gens continuent à estimer, localement (entreprise, commune), qu'un PDG doit gagner plus qu'un ouvrier. Cette décision se prend au niveau LOCAL : entreprise ou commune. Mais dans l'ensemble, à terme (après période transitoire), on peut envisager que la majorité des gens choisiront de toucher à peu près le même revenu, et l'écart entre revenu de base et revenu majoré sera nettement moindre qu'aujourd'hui entre ouvrier au SMIC et PDG de la même multinationale.

- Le revenu peut être réduit au strict minimum vital (revenu minimum au ras des pâquerettes) comme sanction pour ceux qui ne respecteraient pas leur devoir de travail. Le revenu est un droit, en échange d'un devoir.

Remarques

- Un particulier ne peut pas vendre un produit à un autre particulier, puisque la monnaie est détruite lors de la consommation. Mais particulier 1 et particulier 2 touchent tous deux un revenu maximum chaque mois de leur vie, un revenu supplémentaire n'est donc pas nécessaire. Dans ces conditions, le don ou le troc sont toujours possibles.

((La question des échanges entre particuliers n'est pas encore très claire. J'essaye d'obtenir des renseignements. Je SUPPOSE que c'est un peu le même principe qu'entre commerçants et particuliers : il peut arriver que le client soit débité, et que le vendeur ne touche rien. C'est à priori bizarre, mais l'est-ce davantage que le fait que certains enfants naissent milliardaires et d'autres endettés ? Que certains puissent tout s'offrir et d’autres riens ? Le vendeur n'est pas vraiment lésé, puisqu'il touche un revenu garanti et confortable. Par contre, dans le cas de grosses valeur, telle une maison, ... ??? Et comment partager une maison entre 2 personnes, comment dédommager celle qui n'a pas la maison ??? Est-ce que pendant quelques années l'un aura son revenu amputé et l'autre augmenté par compensation ??? Ceci dit, si quelqu'un veut "réussir", dans l'économie distributive il ne le peut pas sous forme d'argent. Par contre il peut "entreprendre" et connaître une réussite sociale, connaître la satisfaction d'une entreprise qui fonctionne bien, etc.. Dans l'économie distributive, il n'y a plus d'argent entre les gens. L'argent ne sépare plus les gens. C'est une autre mentalité. D'où la difficulté pour aborder cette alternative avec nos réflexes / notre conditionnement capitaliste. Par exemple, les gens ne vont pas vendre un objet ou un service résultant de milliers d'heures de travaux "chiants", puisqu'ils peuvent mieux CHOISIR leur emploi. Nous n'avons pas l'habitude de raisonner ainsi. Chacun travaille dans un domaine qu'il aime, ou qu'il accepte, c'est sa participation à la société.))

- Dans l'idée d'une meilleure répartition (l’économie distributive est un projet social), on peut envisager, en plus des droits de propriété, des DEVOIRS de propriété : toute demeure inutilisée depuis longtemps peut être attribuée à des nécessiteux. Les résidences secondaires rarement utilisées, actuellement responsables de hausses des prix préjudiciables aux "locaux", pourraient soit être attribués à ces "locaux", soit être transformées en co-locations (avec bien sûr DEVOIR que chaque co-locataire respecte les lieux).

Conséquences : UNE AUTRE SOCIÉTÉ, UNE AUTRE MENTALITÉ

- Disparition de la principale raison pour laquelle les capitalistes pillent la planète : la pénurie de pouvoir d'achat, le monopole d'émission de la monnaie par les banques (qui exigent indûment des intérêts exorbitants en échange d'argent qu'elles CRÉENT à un coût infime), le cercle vicieux de la croissance infinie, ...

- Chacun a un revenu confortable assuré tout au long de sa vie. Les gens choisiront donc par VOCATION, par CHOIX, les professions qui les attirent, qu'ils aiment, et non celles leur garantissant un bon revenu ou un revenu assuré. Les médecins, ne dépendant plus des clients ni des laboratoires pharmaceutiques, pourront guérir leurs patients une bonne fois pour toute au lieu soigner (facturer) indéfiniment. Les vendeurs, ne dépendant plus de leurs clients, pourront conseiller au lieu d'arnaquer. ... Chacun pourra également bien sûr se réorienter au fil de sa vie.

- Les entreprises n'ont plus de contraintes économiques les obligeant à vendre de la mauvaise qualité, à mégoter sur les normes antipollution, ...

- Il n'y a plus de raison, et il n'est plus possible, de produire n'importe quoi afin de le transformer en argent. Les gros flux d'argent n'existent plus. Ce sont les CONSOMMATEURS qui orientent la production. Ce ne sont PLUS les producteurs qui imposent des produits (via le lavage de cerveau publicitaire, les modes, ...). Les vendeurs indiquent aux producteurs ce qui est consommé, c'est ainsi qu'on sait ce qui est réellement souhaité. C'est en quelques sorte un "droit de vote" sur les produits. On ne produit que ce qui est UTILE, BEAU, ÉCOLOGIQUE, DEMANDÉ, ...

- Il n'existe plus de raison de chercher via l'Éducation Nationale, les médias, ... à former de parfaits clones, zombies, ... parfaits consommateurs (ou parfaits commerciaux) sans humanité, sans esprit critique, sans volonté personnelle.

- TOUTE demande individuelle ou collective peut être financée, du moment qu'il y a les hommes, le temps, les ressources pour le faire. On ne se demande plus "combien ça coûte" mais "y a-t-il les homes pour le faire ?", "y a-t-il les matières premières pour le faire ?".

- L'état créant l'argent, et non plus les banques, il peut financer tous les TRAVAUX D'INTÉRÊT GÉNÉRAL nécessaires : enfouissement des lignes électriques, dépollution, utilisation d'énergies non polluantes, ... L'état libéré des lobbies peut enfin se consacrer à l'INTÉRÊT COLLECTIF. Il peut redevenir au service de TOUS.

- L'économie distributive favorise une économie de type LOCAL, par opposition à l'économie actuelle, où prédominent le commerce international, les multinationales, les produits standardisés (amortissement des coûts de fabrication à l'échelle planétaire), le transport sur de grandes distances, ... Dans l'économie distributive, travail et revenu étant séparés, il n'y a pas de coût de main d'oeuvre pesant sur les produits. Un produit acheté loin est plus cher que le même produit acheté près de chez soi. Dans l'économie distributive, on essaye de donner à chacun sa place dans la société, donc lorsqu'une entreprise ou un particulier cherche un bien ou un service, il le demande dans sa région. S'il est possible de produire ce bien ou ce service localement (sauf matières rares, production agricole spécifique, ...), l'état encourage / finance cette activité là où elle est demandée.

- Le revenu n'étant plus lié au travail, et les revenus étant à peu près égaux (sauf cas particuliers cités plus haut),
1) les patrons trouvent plus facilement à embaucher, donc à assurer la production de biens et de services ;
2) les employés peuvent mieux choisir emploi et conditions de travail. Nul n'est plus obligé de supporter indéfiniment une ambiance exécrable.

- Les femmes ne dépendent plus de leur mari. CHACUN, CHACUNE touche un revenu. Il n'existe plus de personne sans revenu obligée de supporter un conjoint caractériel. La prostitution également peut disparaître.

- On ne prend PAS aux riches NI aux contribuables pour donner aux pauvres. Chacun bénéficie d'un revenu maximum. Les actuels riches gagneront sûrement moins qu'avant, mais de toute façon une grande partie de leurs revenus part dans des circuits financiers. Seul leur train de vie serait un peu réduit. Leur sécurité financière à long terme reste assurée. Les actuels pauvres bénéficieront aussi de cette sécurité.

- Chaque personne, homme, femme, enfant, jeune, vieux, ... a un revenu. Les jeunes n'ont plus à s'inquiéter pour leur avenir : leur sécurité financière est assurée à vie, ils peuvent se consacrer à des choses nettement plus intéressantes. Les personnes âgées n'ont pas à s'inquiéter pour leur retraite : elle est assurée. Les parents n'ont plus à s'inquiéter pour l'avenir économique de leurs enfants : il est assuré.

- Possibilité de choisir son emploi, sécurité financière garantie à vie, pouvoir d'achat décent, temps libre, ... il s'agit là d'une LIBERTÉ telle que l'humanité n'en a pas connu depuis longtemps !

- Davantage de temps libre pour tous. Donc : moins de stress, davantage de temps à passer en famille, davantage de possibilités de bricoler soi-même, de se cultiver, ... On peut en attendre notamment une meilleure santé, un plus grand bien-être, une plus grande qualité de vie.

- Conséquences démographiques. Il n'est plus nécessaire, comme dans les pays pauvres, de faire beaucoup d'enfants pour assurer sa retraite. En ajoutant à la retraite assurée la hausse du niveau de vie, on peut s'attendre à ce que la natalité chute en bon nombre d'endroits. Elle ne se maintiendra élevée en certains points qu'essentiellement en raison de croyances religieuses. Celles ci sont bien sûr à modifier (voire sanctionner) dans le souci d'adapter l'humanité aux ressources planétaires (et non essayer le contraire !).

- La sécurité financière étant assurée pour tous, on peut s'attendre à une baisse des vols, effractions, etc. Seuls les cas pathologiques, les crimes passionnels, ... justifieront le maintien de forces de l'ordre. Les gens ne seront pas devenus "bons" du jour au lendemain, mais ils auront perdu de grosses raisons de voler, d'arnaquer, ... (Ceci dit, les emmerdeurs seront toujours des emmerdeurs, qu'ils soient riches, pauvres, ou avec un revenu universel même maximum.)

- Il n'existerait plus de différence entre activités "nobles" parce que salariées, et activités déconsidérées parce que bénévoles. Le revenu n'étant plus lié au travail, de nombreuses activités écologiques, sociales, utiles, ... mais actuellement peu rentables (associations, artisanat, éducation de ses enfants, ...) pourraient être reconnues d'intérêt général, et donc les gens s'en occupant effectueraient leur temps de travail dans ces activités.

- L'économie distributive permet une politique LOCALE, par opposition à la politique actuelle où un petit nombre protégé par la police et l'armée décide pour tous les autres («dictature élective»). Les politiciens, prometteurs de lendemains meilleurs, n'auraient plus leur utilité. Et avec eux leur mafia d'experts et Cie. L'information, dans tous les domaines, pourrait être disponible pour tous. Entreprises, communes, régions, pays, ... pourront être dirigés par les plus compétents, les plus expérimentés. Dans l'intérêt général, on peut par exemple envisager un système de vote où SEULS ceux qui auront assisté aux réunions d'informations pourront voter.

- Collectivement libérés des questions d'argent, nous pourrions envisager, pour ceux que cela intéresse, des projets d'un autre niveau, telle l'exploration spatiale à grande échelle.

- ...

Critiques

La plus grosse objection à ma connaissance est que les gens ne seraient plus motivés parce qu'il n'existerait plus d'échelle des salaires les incitant à viser toujours plus haut.

Réponse 1 :

Les entreprises le souhaitant peuvent maintenir un grand écart de salaires. Au lieu qu'un revenu équivalent ou presque soit versé à tous les employés, l'état indique à l'entreprise quelle est le montant total des revenus à verser, puis l'entreprise affecte à chaque employé un pourcentage / un coefficient de cette "masse salariale" : les employés auront par exemple chacun une part d'environ 1 % de la masse salariale totale, et les cadres une part de 10 %. La grille des salaires est ainsi artificiellement maintenue.

Les revenus étant versés par l'état, l'entreprise peut embaucher autant qu'elle le veut, produire de la qualité sans s'occuper du coût, respecter l'environnement, etc. L'objectif de qualité, de distribution sociale des biens de consommation, d'écologie, ... reste atteint. Si les employés préfèrent travailler dans ce type d'entreprise, avec l'espoir d'un gros revenu, plutôt qu'ailleurs où chacun gagne à peu de choses près le même revenu, c'est leur choix.

Réponse 2 :

Il n'est qu'à regarder autour de soi en entreprise pour constater que le salaire n'est pas l'unique motivation de nombreuses personnes. Pour beaucoup, pouvoir travailler dans de bonnes conditions, assurer des relations avec les autres (motivation inconsciente), que ce soit en les dominant ou en collaborant, rentrer chez soi avec la satisfaction du travail bien fait, ... sont des facteurs importants. De nombreuses personnes, si on leur permettait de travailler dans de bonnes conditions, si on leur rendait une certaine fierté et surtout si on leur témoignait une reconnaissance dans leur travail quotidien, seraient prêtes à faire passer l'aspect revenu en second. Or, en économie distributive, il n'est même pas besoin de faire passer le revenu en second. L'économie distributive permet de bonnes conditions de travail ET un niveau de vie décent pour tous, supérieur à ce que nombre de gens connaissent / subissent aujourd'hui. D'une part, en l'absence de publicité, les faux besoins - et donc la consommation, le gaspillage, ... - seraient moindres, et d'autre part une meilleure distribution du pouvoir d'achat permettrait à toutes et tous de se loger, de se soigner, de se nourrir, ... mieux qu'aujourd'hui.

En l'absence de grande hiérarchie des salaires, il reste

- la majoration de revenu pour certains emplois,
- le statut social conféré par des emplois "prestigieux" tels que médecin, scientifique, responsable, ...

Tous les postes à responsabilité continuent à conserver leur "aura". Tous les travailleurs compétents conservent leur prestige. Par contre, il n'existe plus vraiment de "petits métiers" puisqu'il n'existe plus de "petits revenus". Seuls les actuels banquiers, financiers, actionnaires, commerciaux, ... risquent d'y perdre en statut social et peut-être en revenu, mais ils y gagneront eux aussi en sécurité et en qualité de vie.

En pratique :

- Il existe déjà un certain nombre de revenus ne dépendant PAS d'un emploi : assurance chômage, allocations familiales, RMI, ... On peut envisager dans une période transitoire de fondre ces revenus annexes en un unique revenu universel, au début de montant plus faible que ce qu'il pourra être à terme. De nombreuses associations militent actuellement pour ce revenu minimum inconditionnel (non lié au travail et pouvant se cumuler avec un salaire), des économistes également. De plus, des capitalistes voient dans ce revenu un moyen supplémentaire de s'enrichir en récupérant cette manne (petit pouvoir d'achat distribué à des millions de consommateurs). Nous avons donc en nos "ennemis" des alliés ponctuels.

- Comment instaurer l'économie distributive, quelles seraient les transitions ? On peut envisager d'introduire l'économie distributive dans certains secteurs prioritairement : nourriture, santé, éducation, ... ((Préférant ne pas dire trop de bêtises, je n'écris rien de plus pour l'instant en l'absence de renseignements supplémentaires, demandés aux rédacteurs de La Grande Relève.))

- Et si personne ne travaille ? Le revenu étant calculé sur la production de biens et de services, si celle-ci diminue, le revenu universel diminue. Reste la majoration de revenu pour ceux qui travaillent. Le revenu de base baisse vers zéro, la majoration prend le relais : on revient au système actuel où ceux qui travaillent touchent un salaire, les autres non. Ceux qui souhaitent consommer devront alors se remettre à travailler. L'expérience distributiste aurait échoué, on reviendrait su système actuel, mais au moins on aurait essayé.

- Comment importer des biens ou services de pays ayant un autre système économique ? Il est possible d'utiliser une méthode qui a déjà fait ses preuves : la double monnaie. Une monnaie interne qui ne part pas dans les circuits financiers, qui ne produit pas d'intérêts, gérée par l'état uniquement. Plus une monnaie de commerce, par exemple l'actuel dollar, pour l'import-export. Certaines importations étant nécessaires / indispensables, on exporte des biens ou services renouvelables (bois, poisson, services, logiciels, machines, ...) afin d'obtenir les sommes suffisantes à ces importations. On vise l'équilibre : coût des importations + bénéfice des exportations = zéro (en monnaie, non en richesses réelles). Parallèlement, on veille à ce que tout ce qui peut être produit localement le soit.

- Comment importer des biens ou services de pays ayant le même système économique ? 1. On veille à ce que tout ce qui peut être produit localement le soit. On importe donc uniquement l'indispensables. 2. Le premier pas sera d'essayer que chaque pays s'y retrouve : échange de produits ou services contre échange de coopération gratuite, de produits manquant dans ces régions, etc. Ou échange indirecte : A donne à B, B donne à C, C donne à A. En dernier recours, je suppose qu'on peut verser aux habitants d'un pays n'ayant pas de gros besoins extérieurs un revenu en moyenne supérieur à celui des autres pays. (Tout cela est à discuter au cas par cas.)

- Comment voyager dans un pays ayant un autre système économique ? En achetant avant le départ de la monnaie étrangère (provenant des exportations) avec de la monnaie interne, ou en travaillant davantage, ou etc.

Alliés & opposants

- Alliés : tous ceux qui ont compris l'économie distributive, qui ont tout à y gagner, et qui n'ont plus rien ( ou quasiment rien ) à perdre dans le système actuel.

- Les patrons ne sont pas forcément tous des opposants. Je pense ici aux plus petits. Leur revenu personnel serait assuré, ils pourraient embaucher plus facilement, ils n'auraient pas de difficulté à écouler leur production puisqu'elle serait demandée, ... Reste le goût de leur métier, la satisfaction de pouvoir l'exercer dans de bonnes conditions.

- Certains capitalistes voient dans une version pervertie du revenu universel un moyen de faire perdurer le système actuel. Ils aimeraient que l'état verse chaque mois, à tous, une sorte de RMI destiné à doper la consommation. Un pas dans la direction de l'économie distributive, mais aussi un pas à l'opposé de la société (sociale, écologique, ...) qu'elle permettrait.

- Opposants : les "économistes standards" et leurs théories périmées, datant des époques de pénurie.

- Obstacle 1. Le goût du pouvoir de nos actuels maîtres du monde : banquiers, financiers, gros actionnaires, ... Un gros obstacle.

- Obstacle 2. Les milliards de "lambdas" utopistes qui croient réellement que le capitalisme va sortir de la crise, qu'ils vont retrouver un boulot, que l'avenir de leurs enfants est assuré grâce à nos politiciens, que les syndicats vont les aider ( augmentation de salaires = augmentation des prix, donc rien n'est gagné ), etc. Ceux là, moutons bien conditionnés, n'admettent pas que l'économie puisse être un matière simple, aisément explicable, aisément compréhensible. C'est à mon avis LE plus gros obstacle.

PRÉCISIONS IMPORTANTES

L'économie distributive ne prétend PAS être un système définitif, parfait, idyllique, .... Il ne s'agit PAS d'une théorie où tout aurait été planifié de A à Z. L'économie distributive est une proposition concernant l'économie (uniquement), et ayant des conséquences sociales, écologiques, ... Il s'agit d'une BASE pour un projet de société. Les points de détail sont À DISCUTER. Les éventuels inconvénients sont À DISCUTER. Le but est que la somme des avantages soit supérieure, pour tous, pour chacun, à la somme des éventuels inconvénients.

L'économie distributive est favorable à une structure politique locale, décentralisée, fédérale, où chaque individu, chaque entreprise, chaque commune, chaque pays, ... pourrait, tout en acceptant les points clefs de l'économie distributive, décider lui-même des modalités / des détails d'application :

- choix de la manière de participer à la société ( notamment quel emploi ) ;
- revenu égal pour tous, ou revenu d'un PDG très supérieur au revenu d'un balayeur ;
- morale "gauchisante" ( art moderne, mélanges culturels, ... ), morale de "droite" ( sens de l'honneur, Tradition, identité, ... ), ou autre ;
- etc.

Il n'y a aucune raison pour que toutes les entreprises, toutes les communes, tous les pays, ... fassent les mêmes choix. Les catholiques peuvent vivre entre eux, les hippies à un autre endroit, une entreprise peut être autogérée alors que sa voisine continue de connaître une forte hiérarchie, etc. L'essentiel étant que chacun mange à sa faim et vive en paix avec son voisin.

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Bibliographie

Livre 1 :
Marie-Louise Duboin, "Les affranchis de l'an 2000"
Présentation romancée de l'économie distributive.

Livre 2 :
Jacques Duboin, "Kou l'ahuri, ou La misère dans l'abondance"
Constat de ce qui ne tourne pas rond dans le capitalisme. (Vous ne trouverez pas ici de présentation de l'économie distributive.)

Journal :
"La Grande Relève", mensuel fondé par Jacques Duboin, actuellement dirigé par Marie-Louise Duboin
http://perso.wanadoo.fr/grande.releve

Divers articles sur Internet, notamment des conférences de Marie-Louise Duboin, ou des références à la théorie de Jacques Duboin. Mots clefs : jacques duboin, marie-louise duboin, économie distributive, socialisme distributiste, distributisme, distributiste, ... et aussi : revenu citoyen, revenu inconditionnel, revenu social, revenu universel, ...

 

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