Brève histoire du distributisme

Pour ceux qui prennent le train distributiste en route ...et ceux qui y voyagent sans trop savoir par quelles gares il est passé...


En 1888, Edward Bellamy (1850-1898), de Boston, U.S.A., brosse, dans un roman d'anticipation la première ébauche connue d'une économie de type distributiste. Le travail est organisé par l'Etat sous une forme toute militaire...

Looking backward fut vendu en langue anglaise à un million d'exemplaires.

Il parut en français dans la Revue Britannique, en 1891, sous le titre Cent ans après et republié par Jacques Duboin (v. plus bas) dans une nouvelle traduction.


En 1919, le Major H.C. Douglas, Ecossais, s'éleva contre le pouvoir des banques et mit au point un système comparable au précédent. Au Canada, le créditisme donna lieu à un parti qui eut la vie brève, puis à un mouvement animé à partir de 1935-36 par Louis Éven, Breton exilé après la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Éven voyait dans le Crédit Social la doctrine sociale de l'Eglise et fonda en 1935 le journal VERS DEMAIN, qui continue de paraître et a récemment créé une antenne en Pologne.

A noter que ni Douglas ni Éven ne font appel à l'organisation du travail par l'Etat.


En 1934, Gustave Rodrigues (1878-1940), agrégé de philosophie, publie Le Droit à la Vie, où il reprend, sans le citer, les principes de Bellamy, service social compris. Dans cet ouvrage, il reproche à Duboin de s'en tenir encore au Droit au Travail.


En 1936, Georges Valois (1878-1945), dans la formule bimensuelle de Nouvel Age, (qui date d'avant 1935), publie en février, dans un numéro spécial, un Plan où tous les thèmes qui seront repris par la suite sont présents.

Des réunions pour constituer un Front de l'Abondance ont lieu en Juillet 1936 (après la victoire du Front Populaire). La fusion avec le Droit au Travail avorte, Duboin refusant de donner au mouvement une coloration politique (ce qui a été également la position de Douglas et d'Even). Dès la fin de 1936, Rodrigues et Valois, soucieux d'action concrète, consacrent l'essentiel de Nouvel Age à la création de coopératives.


Jacques Duboin (1878-1976) prend lentement position en faveur de l'économie distributive et dépasse même à certains égards (dans ses livres tout au moins) le PLAN DE NOUVEL AGE, puisqu'il prône l'égalité économique (égalité des revenus).


Rodrigues se suicide en 1940 à Biarritz quand les Allemands prennent Bordeaux. Valois meurt en déportation à Bergen-Belsen en 1945.

A 67 ans, Duboin reste seul en piste pour assurer la promotion de l'économie distributive. Doué pour la parole en public et l'organisation il parvient à garder la direction du mouvement jusqu'à sa mort, en dépit de plusieurs tentatives pour l'en évincer et engager La Grande Relève (fondée en 1935) dans l'action politique.

Sa fille, Marie-Louise, devient directrice de La Grande Relève par voie d'héritage. Elle tente de sauver la notion de "service social" en la remplaçant par celle de "contrat civique".

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PROSPER conteste cette aggravation
de l'ordre moral et de l'emprise de l'Etat.
Il réactualise les espérances du distributisme en fonction
des bouleversements survenus depuis un demi-siècle
dans l'économie et la communication.