L'analyse anarchiste

 

Nous analysons la situation mondiale en termes de domination : au Nord comme au Sud, une classe de possédants exploite à son seul profit les ressources naturelles et humaines, redistribuant toujours le moins possible à ceux qui travaillent pour eux.

Dans les "démocraties" représentatives, la plupart des « élus » font eux-mêmes partie de cette classe, de sorte qu'ils n'ont aucun intérêt à changer le système ; et même ceux qui se soucient du fossé grandissant entre possédants et démunis et qui disent vouloir revitaliser la citoyenneté, refusent de donner un véritable pouvoir de décision à l'ensemble des citoyens, considérant que l'homme ordinaire est incapable de réfléchir et de débattre. Et certes, à l'heure actuelle, beaucoup en sont effectivement incapables, parce qu'on a étouffé en eux toute pensée indépendante et tout désir de participer à l'organisation commune.

Qui ça, on ? L'autorité en général, celle que l'on trouve partout : dans la famille, à l'école, dans les entreprises et même dans les organisations en principe progressistes qui font partie de la "société civile". Depuis sa plus tendre enfance, chacun est entraîné à obéir, à se résigner, à accepter l'existence de supérieurs, que ce soit en richesses, en pouvoir ou en savoir. Tout changement réel devra donc passer par une réaffirmation de l'autonomie de l'individu par rapport à toute hiérarchie, en lui rendant les moyens de prendre en mains sa propre vie.

Le projet anarchiste

C'est cela que signifie le mot an-archie : « absence de commandement ». Ce qui ne signifie nullement absence d'organisation ni triomphe du chacun pour soi. Que celui qui veut se débrouiller seul le fasse : il est libre ; nous l'empêcherons seulement d'exploiter les autres.

Cependant, la plupart des anarchistes défendent un projet d'organisation politique basé sur la fédération d'assemblées locales auxquelles tous ceux qui le souhaitent participent de manière égalitaire. La démocratie directe, qui est la seule véritable démocratie, est possible, même au niveau mondial, grâce au développement des moyens de communication instantanés.

De même pour l'organisation économique : l'amélioration croissante des techniques doit permettre de libérer de plus en plus l'homme du travail pour qu'il puisse enfin jouir de la vie, apprendre, créer, s'occuper de ses enfants, faire l'amour, voir ses amis... et participer à l'autogestion de son entreprise, de son quartier, de son école, etc. Le principe de la production et de la distribution doit être : « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins », celui de l'éducation : « aider l'enfant à devenir auteur de lui-même ». Tout le reste sera décidé par les hommes, les femmes, les enfants de chaque lieu et de chaque époque, en fonction des circonstances et de leurs désirs.

Comment y parvenir ?

Nous refusons la révolution au sens d'une prise de pouvoir, car nous voulons détruire tout pouvoir. Nous refusons aussi d'attendre qu'une révolution sociale soit possible avant de commencer à agir. Car si le changement radical est nécessaire, il doit être l'oeuvre de l'ensemble de la population, sinon il sera confisqué par une nouvelle élite. Or, donner le goût d'une société libertaire suppose un travail de longue haleine, à cause du conditionnement reproduit par l'éducation traditionnelle.

Mais en attendant, nous voulons susciter et soutenir toutes les expériences de résistance et d'autogestion, qui sont autant de preuves que le projet anarchiste est réalisable et infiniment plus agréable que toutes les formes d'organisations sociales hiérarchisées. C'est pourquoi nous soutenons tous les mouvements anticapitalistes, antimilitaristes, antifascistes, féministes, écologistes, etc., qui, comme le nôtre, refusent les rapports de domination.

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